Le Réaménagement du Site COMINAK
Deux morts lors d'opérations de démantèlement de l'usine de la COMINAK
Les conditions de sécurité en question !
Samedi 15 janvier 2022, lors d'opérations de démantèlement de l'usine d'extraction d'uranium de la COMINAK, filiale d’ORANO au Niger, l’effondrement d’une structure a fait deux morts et plusieurs blessés.
Or, deux jours auparavant, lors d'une visite sur place de la Commission Industries Extractives du parlement du Niger, M. Almoustapha Alhacen, président de l'ONG Aghirin'man, avait dénoncé les conditions de sécurité. Il constatait en effet qu’un ouvrier travaillait en partie haute d'une trémie anciennement destinée au recueil des minerais radioactifs tandis qu'un engin de démolition équipé d’un brise-roche hydraulique produisait de très fortes vibrations à proximité. Cette intervention a été faite devant plusieurs députés, des représentants de la COMINAK, ainsi que du Directeur Départemental des Mines. Il lui a été répondu que tout se passait normalement et qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. M. Almoustapha Alhacen a insisté provoquant une discussion animée sur le lieu même où survenait, deux jours plus tard, le dramatique accident.
L’ONG Aghirin'man s'inquiète depuis longtemps des atteintes à l'environnement induites par les activités d'extraction de l'uranium à Arlit: des millions de tonnes de déchets radioactifs entreposées à l'air libre, la dispersion des poussières radioactives sur l'agglomération d'Arlit, des ferrailles contaminées retrouvées en vente sur le marché d'Arlit.... Ses inquiétudes ont été appuyées par des enquêtes réalisées sur le terrain par les associations SHERPA, CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité) ou encore GREENPEACE.
Pour Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la CRIIRAD, cet accident mortel n’est malheureusement que la partie émergée de l’iceberg en ce qui concerne les risques sanitaires induits par ce type de chantier pour les travailleurs d’une part mais aussi pour les riverains. Aux risques visibles s’ajoutent en effet les risques invisibles liés à l’exposition aux radiations émises par l’uranium et ses descendants. Les matériaux métalliques, équipements divers, bâtiments contaminés par des substances radioactives ont-ils été soigneusement décontaminés avant d’être démolis ? Quelles précautions sont prises pour limiter l’exposition des travailleurs aux radiations, et en particulier à l’inhalation et à l’ingestion des poussières radioactives lors de la démolition ? Les matériaux remis dans le domaine public sont-ils réellement décontaminés et contrôlés ? L’exposition aux radiations dans ce contexte n’entraine pas de décès immédiat, mais elle augmente à terme les risques de décès par de nombreuses pathologies dont certains cancers.
Si la COMINAK n’a pas la capacité de garantir un minimum de sécurité pour ce qui concerne les risques immédiats, quelles garanties a-t-on dans le domaine de la radioprotection des intervenants sur le chantier ?
Rédaction : Les Amis d’AGHIRIN’MAN, 2 février 2022
Inquiétudes sur l'évolution des opérations du RDS de la Société Civile d'Arlit et lettre du Maire d'Arlit
La Société civile d'Arlit dresse un premier bilan des opérations liées au RDS : non seulement, ORANO ne finance ce plan que par la revente inopportune de ferrailles ou objets issus du démantèlement, mais en plus conserve la gouvernance et le pouvoir de décision au détriment des autorités nigériennes ou populations locales .
Le Maire d'Arlit demande à la direction de la COMINAK de suspendre les autorisations de sortie des ferrailles ou objets de ventes sur pied tant que la procédure de contrôle n'est pas mise en place.